A l’aube du XXe siècle, l’Eglise noire d’Amérique, cette nation au sein d’une nation, s’étendait bien au-delà du parvis de l’église, d’autant plus qu’une nouvelle génération, encouragée par la conviction inébranlable que le Dieu libérateur de leurs pères et mères était de leur côté, déploierait l’Evangile prophétique dans une nouvelle bataille audacieuse pour la liberté et les droits civiques. Projetées dans un monde en constante mutation et confrontées non seulement à des conflits internes, mais aussi à une oppression externe due à la suprématie blanche, les Eglises noires durent répondre à l’impatience de leurs membres. Cette insatisfaction, fondée dans ce monde et non dans celui à venir, visait à libérer les Noirs des contraintes de la ségrégation et à leur accorder une pleine participation à ce pays que leurs ancêtres avaient édifié sans rémunération, ni gratitude, ni reconnaissance de leur humanité. Les Noirs, suffoquant dans un Sud qui avait violemment démantelé la Reconstruction, commencèrent à émigrer en quête d’opportunités économiques et politiques, vers le Nord qu’ils rêvaient être le pays de Canaan. Au cours de ce que l’on a appelé la Grande migration, qui s’étendit du début du XXI siècle jusqu’aux années 1970, ils furent très nombreux à quitter le Sud pour le Nord et l’Ouest industriels, à abandonner la campagne pour s’établir en ville. Partout où elles s’installèrent, les familles noires y apportèrent leurs coutumes, leur musique et, surtout, leur foi- Henry Louis Gates, Black Church, Labor et Fides, 2023, p.126.
Le blog de la Librairie Jean Calvin 
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